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07 avril 2006

Le miracle de l'écriture : épisode 1

L’été sent l’été, un mélange d’ambre et d’embruns, de mer et de merguez. Juillet est caniculaire, probablement à cause de l’effet de serre. Mais Camel et Stéphanie oublient le trou dans la couche d’ozone en se léchant le museau. En se faisant le bouche à bouche ils luttent à leur manière contre le gaz carbonique qui, vicieusement, pénètre dans les jolis poumons de Stéphanie.


Camel est un écologiste tendance secouriste. S’il plonge en apnée dans les profondeurs du baiser, c’est pour sauver l’humanité. Et l’humanité, ce jour là, est une fille blonde pour laquelle il pratique l’assistance respiratoire.
Lui, il a grandi entre deux autoroutes. Il tournait autour de la table de la salle à manger avec son tricycle et il parvenait même à soulever une roue dans ce virage à 360 degrés. C’est dire s’il allait vite. C’est dire qu’il était déjà un mec d’élite.
Elle, elle a un visage et des cheveux de madone, mais elle ne connaît même pas Botticelli. Une Vénus marseillaise, sortie d’un coquillage de la rue Paradis.
Lui, il a les plus beaux abdominaux de la plage, et les abdominaux, ça compte. Les pectoraux sont pas mal non plus. C’est important les pectoraux. Et pas seulement pour la rime.
Elle, elle a un ventre de statue et des seins qui attirent les doigts. Mais Camel respecte. Elle n’a pas voulu enlever le haut. Alors pour l’instant il prend une première empreinte de sa poitrine à elle sur sa poitrine à lui. Il n’a rien vu et il n’est pas pressé.
Camel est noble. Il sait se retenir. Il connaît d’instinct les secrets du plaisir. C’est un mec d’élite. Il savoure les délices de l’attente sur cette plage colorée, en ce dimanche solaire au bord de la Méditerranée.
Allongés sur leurs serviettes maxi-format, leurs corps font des étincelles. On mettrait une guirlande de Noël entre leurs deux épidermes, peut-être qu’elle s’allumerait. Mais encore faudrait-il pouvoir la glisser, la guirlande, entre leurs peaux collées. Et puis on est en juillet, les lampes clignotantes sont dans les cartons, avec les santons.
Ainsi ils sont, excités mais corrects, et bellement enlacés au milieu des mégots qui jonchent le sable, tristes rebuts de drogues légales, pauvres reliques de sucettes vulgaires.
Suffit-il de quelques ventouseries buccales, d’un simple cours de languistique, pour pouvoir parler d’amour ? Ne nous attardons pas sur la question. Constatons seulement que le manège est reparti pour un tour.
Quelques mètres plus loin, Sabrina dit à son copain Jérôme qui, la main dans le maillot, se remet le sexe bien en place :
_ Je te parie qu’il va la ramener en moto.
_ Et toi, tu vas la laisser faire ?
_ Oh, je suis sa cousine, je suis pas sa mère ! répond Sabrina avant de se remettre à faire semblant de lire son magazine. Jérôme, lui, il est contrarié. Du coup, il va aller nager jusqu’à la deuxième bouée.

10:05 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

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