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07 avril 2006

Le miracle de l'écriture : épisode 1

L’été sent l’été, un mélange d’ambre et d’embruns, de mer et de merguez. Juillet est caniculaire, probablement à cause de l’effet de serre. Mais Camel et Stéphanie oublient le trou dans la couche d’ozone en se léchant le museau. En se faisant le bouche à bouche ils luttent à leur manière contre le gaz carbonique qui, vicieusement, pénètre dans les jolis poumons de Stéphanie.

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10:05 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

"Iloé, à ce point amoureuse..."

Iloé, à ce point amoureuse de ses seins que chaque matin, avec ses mains, elle en retouchait le dessin.
Iloé, qui collectionnait les soutiens-gorge.
Iloé, parmi la soie, le satin, le coton, en rouge, en gris, en blanc, en noir.
Iloé toujours devant son miroir.

Qui connaît les desseins du destin ?

Après quelques amours malheureuses, on retrouva Iloé un couteau dans le coeur, une longue virgule brune comme un bandeau sur l'oeil, et des morceaux de dentelle blanche éparpillés autour d'elle pareils aux bouts d'hostie jetés devant le vampire.
Un rayon de soleil vint recouvrir une dernière fois ces seins de statue, clarté délatoire reflétée par le miroir.

Qui connaît les dessous du désir ?

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"Il courut jusqu'à la place St Marc..."

Il courut jusqu'à la place St Marc, tituba sous les arcades, dépassa le Florian — où un homme à lunettes dorées fumait un havane en lisant les Mémoires de Casanova — arriva au bord de l'eau, regarda, face à lui, le cimetière San-Michele, et s'effondra dans la lagune, sa tête heurtant en tombant une noire gondole.
Jamais l'on ne sut si l'homme au masque blanc mourut empoisonné, comme le prétendirent les médecins, ou s'il fut terrassé par la trop grande beauté du dernier rayon horizontal de soleil rouge qui le frappa au visage avant de s'écrouler avec lui dans l'eau croupissante.

09:09 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

"Amantes, vous avez la peau bronzée..."

Amantes, vous avez la peau bronzée, vous avez le fard et le clin d'oeil, la hanche roulante et la poitrine remuante.
Mais au jour où vous vous délivrez de vos hardes d'hiver je vous confonds, aimantes, avec toutes vos soeurs aux jambes laiteuses.
Et je regarde passer dans une absolue tendresse des cortèges de femmes pâles.
Emouvante blancheur de ces mères des hommes dans leurs mollets, leurs cuisses, qui saluent le soleil très haut.

Vous fûtes aujourd'hui, femmes aux jambes virginales, la plus bouleversante parole de cette époque à demi nue, balbutiante et timide, à l'orée de tous les recommencements.

09:04 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

"Après des centaines de kilomètres..."

Après des centaines de kilomètres de pluie, il a pu enfin arrêter les essuie-glaces, cet obsédant éventail qui lui ouvrait la route au milieu du déluge.
A l'ouest, la plaine s'éclaira, dévoilant des collines menues comme des seins de Vierges.
Sur la gauche, une palette parfaite s'arrondit dans un ciel encore un peu têtu. A sa droite, dans la voiture, la femme brune sommeillait, enfantine et confiante.
La vie était ronde, lumineuse.
Tout paraît si simple, parfois, se dit-il. A quoi bon dessiner ?

Le peintre paresseux continua sa route.

08:55 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

"Je ne voyais, de dos..."

Je ne voyais, de dos, que ses cheveux blonds. A côté de la cabine téléphonique, un enfant l'attendait.
Je l'entendais dire des phrases banales, sur la mer qui était chaude, sur le temps, sur le vent. Et tout à coup elle s'est mise à murmurer : "Je t'aime je t'aime je t'aime". Tout bas, plusieurs fois. Entre d'autres mots sans importance, elle baissait la voix et livrait au téléphone la fulgurante poésie de cette formule magique.
Elle ne savait pas que je l'écoutais.
Après avoir raccroché, elle a donné la main à son enfant. Ils sont repartis dans la lumière de l'été.

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06 avril 2006

"Et nous amènerons nos amours"

Et nous amènerons nos amours, une à une, dans ce vallon qui se referme, guidés par les pentes pierreuses aux aromates sauvages, entêtés de cigales — mais il ne sera plus temps de parler—.
Nous saluerons la plaine, nous saluerons devant sa porte l’homme aux rides joyeuses. Ils danseront encore, les cyprès longilignes et mous.
Nul éboulis ne nous éreintera, nous sommes nés d’Aisance et de Charme. Portés par la flamme douce d’une lumière horizontale, nous irons nuptialement dans un concert d’anges et de sexe. Entre chien et loup.

Puis la nuit viendra, peuplée d’insectes.

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"Graver dans le feu froid"

Graver dans le feu froid ces joies tétanisantes.

Imprimer sur mes épaules le poids du léger cavalier, garder sur l’oreiller la trace de sa tête endormie, apprendre pour toujours les règles de nos jeux. Par coeur les mots, par coeur les chants.
N’oublier rien : la jour du baiser, la bouche du rire, le souffle de sa nuit — et tout le petit peuple de poupées qui habite le lit.
Ecrire au plus près de ce temps idéal, vouloir lui consacrer l’entière mémoire.

Abandonner le reste aux décharges publiques.

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"Toi qui as la chance inouïe"

Toi qui as la chance inouïe de n’avoir pas à survivre, happe une seconde comme une éternité, garde le fruit en bouche, écraquille tes yeux d’enfant.

Toi qui as la chance inouïe de n’avoir pas à survivre, cherche dans chaque pas les amours de ta vie, accorde ta respiration au rythme mesuré et ample des secrets de la terre.

Toi qui as la chance inouïe de n’avoir pas à survivre, cours pour gonfler tes poumons et non pour dépasser les autres : quand tu avances l’horizon recule, regarde le d’ici, établis avec lui un pacte d’amitié sûre, et marche.

Le suc, la sève, la source : compte ces mots pour tout et le reste pour rien.

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"En folles rafales"

En folles rafales, la lumière à l’extrémité de son souffle.
Elle emporte nos chiffons lachés : paroles envolées, pensées fugaces, actes inconséquents.
Et nous voici seul face à notre démence au sommet des collines calcaire, écoutant la musique implacable de notre respiration qui s’accorde à la bourrasque, petit homme bravant la tempête, souriant au vide, chantant ses rêves encore une fois.
Muet et droit, celui-là, perché sur un caillou blanc, n’a jamais été aussi bavard et aussi souple. Quand il redescendra dans la plaine il ne pourra plus oublier le goût acide de l’espace dévoilé.

Parce que c’est grand vent dans les pins et les oliviers.

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