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07 avril 2006

Le miracle de l'écriture : épisode 4

La plage crie un peu moins fort. Quelques enfants sautent encore dans des vagues molles. Mais les serviettes sont mouillées, les parasols sont repliés, c’est la fin de la journée.
Les femmes commencent, sans ardeur, à ranger leur attirail : lunettes, crème solaire, magazines. Sur leur peau matifiée brille l’or vrai ou faux de bijoux clinquants. Entre elles, elles parlent bruyamment. Elles rient, le cœur épanoui par la magie de l’instant, quand on savoure encore plus la longueur des jours parce que ce sont les derniers de l’été. Un sentiment d’éternité. Comme diraient les poètes.


Les hommes continuent de jouer au ballon, pour les uns, de s’affaler, pour les autres. Ils ne s’occupent de rien. Ils ne voudraient plus bouger. Pourquoi on s’en va ? On est pas bien ici ? On vivrait là, entre les rochers et la mer. On construirait des cabanes, on pêcherait, on s’aimerait. On vivrait d’amour et d’eau salée, de poissons et de crustacés.
D’ailleurs tout cela existe déjà. Les cabanons en planches ne sont pas loin, les barques attendent dans le port, et la terrasse de la pizzeria, sous la tonnelle en canisse, fait de l’œil aux baigneurs. Le paradis, quoi.
Jérôme sort de l’eau. Il y a quelques minutes il n’y avait pas plus heureux que lui, revenant de la bouée du large, le souffle régulier et le crawl impeccable. Il a battu son record. En retrouvant le rivage, il est mieux que présentable, beau comme une image avec ses cheveux mouillés.
Les pieds dans le sable, il se dit que la vie est belle, que putain c’est bon tout ça, que ça le ferait chier d’habiter ailleurs. Mais que bon, demain c’est lundi, et que c’est la fin des vacances. C’est fou tout ce qu’il pense en si peu de temps, juste en zigzaguant entre les serviettes.
Avant d’arriver près d’elle, il voit Sabrina, sa brune, un papier entre les mains. D’habitude c’est plutôt un magazine. Ca y est, il est contrarié. De plus près, il voit aussi les yeux de Stéphanie, et les larmes sur ses joues bronzées. Il demande :
_ Qu’est-ce qui se passe ?
_ Tais-toi, lui dit Sabrina, laisse-moi finir.
La lumière prend de plus en plus la tangente, la plage se dépeuple gentiment. Le paradis, je vous dis. Pourtant, Stéphanie pleure.
Jérôme se touche encore une fois le maillot, histoire de se remonter le moral.
Là-bas, un peu plus loin, vers les rochers, une femme assise en tailleur, se refait une queue de cheval avant de partir, avec ce geste idéal qu’ont les femmes quand elles se coiffent, les bras en l’air, les seins en haut. Un rayon de lumière rose vient l’attraper par le côté, se pose sur son dos et le profil de ses seins. Eh, les gars, on dirait un pastel de Degas… Jérôme n’est pas très bon en histoire de l’art, mais il est doué pour l’amitié, alors il demande :
_ Et Camel, il est où ?

10:15 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

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